File:Les Monts du Matmata.jpg

English: Le djebel Matmata, ou Matmâṭa, si on suit l’orthographe arabe du mot, s’élève à des altitudes oscillant entre 500 et 650 m (715 m à l’Est de Zemertene) sur une longueur d’environ 50 km, grossièrement parallèle à la Méditerranée (voir cartes). Il est à environ 50 km de cette mer et domine la petite plaine littorale de l’Arâd et, plus au sud, la plaine plus large de la Djeffara. Il fait partie d’un ensemble morphologique beaucoup plus vaste, le Jebel ou monts des Ksours (le mot qṣûr, pluriel de qṣar, signifie en arabe « châteaux » ou « villages fortifiés »), en arc de cercle, long de 150 km, depuis le djebel Matmata dans la partie septentrionale jusqu’aux limites orientales de la Tripolitaine, à l’extrême Sud. D’orientation méridienne, les monts de Matmata font place au djebel Dammar (en arabe dialectal : Demmer), au niveau de Foum Tataouine puis au djebel Abiod incurvé vers le Sud-Est. En Libye, les monts des Ksours se prolongent par un long système élevé qui comprend, en particulier, le djebel Nefoussa*.

3Le djebel Matmata est très dissymétrique, avec un versant oriental en forte pente qui domine la Djeffara de plusieurs centaines de mètres, et un versant occidental qui descend doucement vers le Sahara et que l’on nomme le ḍahr (dos en arabe dialectal).

4Les sondages effectués dans la Djeffara et le lever récent des cartes géologiques montrent que le Jebel est un très vaste monoclinal dont les faibles pendages vers l’Ouest, tournent au Sud vers la frontière libyenne. Il affecte donc la forme d’une cuesta grâce à la superposition de roches cohérentes, calcaires, au sommet, sur des roches meubles (marnes). Dans le détail, la structure géologique est plus complexe et une grande faille méridienne est probablement responsable de l’effondrement de la plaine de la Djeffara.

5Mais la grande originalité de ces reliefs est constituée par des dépôts superficiels de limons sableux éoliens accumulés sur plusieurs mètres dans les dépressions et dont l’épaisseur décroît vers le Sud. Abondamment étudiés dans le troisième quart du XXe siècle, ils ont été apportés au Pléistocène moyen et supérieur, voire à l’Holocène inférieur, par des vents de secteur Sud (Coudé-Gaussen 1984), Sud-Ouest à Ouest (Coudé-Gaussen & Rognon 1988) ou Nord (Ballais 1996).

6Les monts de Matmata reçoivent environ 200 à 250 mm de pluie par an (221 mm à Matmata), concentrés dans la saison froide, soit beaucoup plus que les plaines environnantes, grâce à leur altitude. Ces précipitations diminuent progressivement vers le Sud, jusqu’à tomber à moins de 50 mm annuellement dans la partie méridionale du Dammar. La végétation actuelle est constituée de steppes d’armoises (en particulier Artemisia herba alba) et d’alfa, résultat de la mise en culture et de l’exploitation pastorale depuis des siècles, alors que la végétation naturelle devait comporter du genévrier de Phénicie, de l’olivier, du caroubier et probablement du pin d’Alep (Le Houérou 1969, p. 369). Cette steppe est trop ouverte pour protéger efficacement les limons de l’érosion hydrique lors des pluies. Vers le Sud, des espèces végétales désertiques supplantent les essences méditerranéennes.