File:DSC 2866 Grive litorne Turdus pilaris (50034191888).jpg

D’origine sibérienne, la Grive litorne a atteint le sud-est de la France au terme de plusieurs vagues d’expansion vers l’ouest, colonisant faiblement Genève et le Tessin en raison de leur situation marginale, au sud-ouest de son aire de répartition actuelle. Idéalement, la Litorne niche dans des arbres isolés, cordons boisés ou lisières de forêt et se nourrit dans des prairies, pâturages ou champs voisins, plutôt humides et ras. Les densités de plus de 10 territoires/km2, pour partie dues à des colonies, concernent en priorité le Jura neuchâtelois, les Franches-Montagnes JU, le centre du Plateau et la région d’Urnäsch AR, mais la moitié des carrés kilométriques recensés dans le pays n’abritent que 1-2 territoires. Les effectifs se concentrent à 80 % au-dessous de 1200 m, même si la Litorne se rencontre jusqu’à la limite des arbres ; des cas de reproduction sont d’ailleurs connus jusqu’à 2300 m, récemment jusqu’à 2140 m à Zermatt VS (J. Duplain). La population suisse a perdu environ 60 % de son volume de 2002 à 2006 et fluctue depuis lors à ce niveau, si bien que la progression de 1993-1996 dans le sud du pays s’est pratiquement arrêtée. Même si les pertes concernent surtout les Préalpes et le Plateau, elles sont sensibles à toutes altitudes et plus marquées en dessous de 1000 m. L’effectif a ainsi diminué de près de 50 % dans le canton de Zurich de 1988 à 2008 et de 75 % au lac de Constance de 1980 à 2010. Les tendances sont aussi négatives dans les pays voisins, ainsi qu’en Belgique et aux Pays-Bas, et s’opposent à la stabilité des effectifs européens et aux augmentations jusqu’au début du millénaire, puis à leur constance depuis lors en Pologne et en République tchèque.

En Suisse, les déclins majeurs touchent d’abord les versants pluvieux du nord des Alpes. Les variations d’effectifs ne sont toufefois guère corrélées à l’irruption d’épisodes secs en période de nourrissage, qui privent alors la Litorne de son principal aliment, les vers de terre. D’autres facteurs jouent sans doute un rôle plus important, comme, dans la plaine de l’Aar BE/SO, la diminution de la taille des colonies. La diversité des tendances en Europe pourrait traduire un large recul en marge ouest de distribution, dont les causes sont encore à clarifier.