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Autun (Saône-et-Loire)

Lycée militaire d'Autun (aujourd'hui lycée de la Défense).

De 1679 à 1789, les lieux sont occupés par un séminaire* fondé par l'évêque d'Autun Gabriel de Roquette*. Les bâtiments du séminaire sont construits sur les plans de l'architecte du roi Daniel Gittard qui est l'un des premiers membres de l'Académie royale d'architecture créée par Louis XIV. Pour diminuer les frais, l'évêque fera largement utiliser les pierres de l'ancien théâtre romain de la ville.

Le 18e siècle verra l'enlèvement des séminaristes par le célèbre contrebandier Mandrin*.

Talleyrand, évêque d’Autun, rendra une unique visite au séminaire, avant d’être élu député du clergé aux états généraux qui vont précéder la Révolution et nommé membre du comité de la Constitution (Lors de son discours devant l'Assemblée, le 10 octobre 1789, il demanda la confiscation des biens du clergé afin de soulager le peuple*).

Après la Révolution, le séminaire devient un hôpital, puis magasin à grains et fourrage.

Pendant les guerres du Premier Empire, les locaux abritent des prisonniers de guerre autrichiens puis espagnols.

Début 19ème siècle l'endroit devient une école religieuse: En 1809, la mère Anne-Marie Javouhey* y installe des classes mixtes afin de pourvoir à l’éducation des enfants issus de milieux pauvres

En 1813, le lieu revient à l’évêché et devient petit séminaire. L'évêque entreprendra une longue restauration des bâtiments. Patrice de Mac-Mahon*, président de la République de 1873 à 1879, fera partie des élèves.

Pendant la guerre franco allemande de 1870, le 1er décembre, un duel d’artillerie opposera l’armée allemande aux soldats de Garibaldi, ce qui va endommager une partie des bâtiments.

En 1884, accusés de complot contre le gouvernement de la République, les séminaristes sont chassés des lieux. Le gouvernement installe à la place l’École Militaire Préparatoire de Cavalerie. Les premiers enfants de troupes sont admis en 1885.

En 1921, l’école de cavalerie devient une école secondaire mais conserve son statut d’Ecole Militaire.

Pendant la deuxième Guerre Mondiale, l'école subira une longue errance (Billom, Tulle, Valence, Thol). Pendant ce temps, l’ancien séminaire est occupé par l’armée allemande, et ceci jusqu’au 8 septembre 1944, date de libération de la ville d’Autun.

L’école rouvre ses portes à Autun en décembre 1944, en ouvrant de nouvelles classes préparatoires aux grandes écoles.

L'Ecole Militaire Préparatoire prend la dénomination de Collège Militaire en 1971; puis de Lycée Militaire en 1983. Les filles seront admises en en 1er et 2ème cycle en 1982 et en classes préparatoires en 2000. Le musée a été installé dans l'ancienne chapelle en 1985.

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• En 1666, Louis XIV demande aux évêques de fonder des séminaires.

• D'après Saint-Simon, Roquette aurait servi de modèle à Molière pour son Tartuffe. Sous le nom de Théophile, La Bruyère en dépeindra le caractère:

"Quelle est l’incurable maladie de Théophile ? Elle lui dure depuis plus de trente années, il ne guérit point : il a voulu, il veut, et il voudra gouverner les grands ; la mort seule lui ôtera avec la vie cette soif d’empire et d’ascendant sur les esprits. Est-ce en lui zèle du prochain ? est-ce habitude ? est-ce une excessive opinion de soi-même ? Il n’y a point de palais où il ne s’insinue ; ce n’est pas au milieu d’une chambre qu’il s’arrête : il passe à une embrasure ou au cabinet ; on attend qu’il ait parlé, et longtemps et avec action, pour avoir audience, pour être vu. Il entre dans le secret des familles ; il est de quelque chose dans tout ce qui leur arrive de triste ou d’avantageux ; il prévient, il s’offre, il se fait de fête, il faut l’admettre. Ce n’est pas assez pour remplir son temps ou son ambition, que le soin de dix mille âmes dont il répond à Dieu comme de la sienne propre : il y en a d’un plus haut rang et d’une plus grande distinction dont il ne doit aucun compte, et dont il se charge plus volontiers. Il écoute, il veille sur tout ce qui peut servir de pâture à son esprit d’intrigue, de médiation et de manège. À peine un grand est-il débarqué, qu’il l’empoigne et s’en saisit ; on entend plus tôt dire à Théophile qu’il le gouverne, qu’on n’a pu soupçonner qu’il pensait à le gouverner."

• Mandrin venait d'attaquer Beaune:

"Cette attaque coûta la vie à un soldat & à deux bourgeois; plusieurs autres furent blessés dangereusement. Autun reçut le lendemain une visite semblable. Mandrin rencontra sur son chemin de jeunes séminaristes qui alloient prendre les ordres à Châlons , il les arrêta & les força de revenir sur leurs pas. Les portes de la ville étoient ferpées; Mandrin s'empara des fauxbourgs; alluma des torches & tint des échelles prêtes. Ensuite s'avançant vers la ville, il fit dire au maire que si les deux receveurs du sel & du tabac ne lui faisoient pas remettre la même somme que ceux de Beaune, il alloit voir le sang couler, les fauxbourgs embrasés , la ville escaladée, les plus beaux édisices renversés, & tout au pillage; pour le déterminer, il lui montra les jeunes séminaristes qui étoient en son pouvoir , & dit qu'ils étoient ses otages. Ces jeunes gens étoient pour la plupart de la ville ; les pères & mères jettèrent des cris à ce spectacle. Les uns coururent chez le maire en versant des larmes ; les autres furent chez les receveurs , & crièrent hautement qu'eux seuls étoient la cause de ces malheurs , qu'ils alloient faire. détruire la ville , qu'ils songeassent à écarter les dangers , ou qu'on les livrât à l'ennemi. Le maire proposa de traiter avec Mandrin ; mais ce scélérat voulut que sa troupe entrât. On ouvrit les portes, il la mena à l'hôtel-de-ville, & y entra avec deux hommes seulement. On lui demanda quel droit il avoit pour lever des contributions. On assure qu'il répondit qu'il avoit sur les fermes le droit qu'Alexandre avoit sur les Perses , & celui que César avoit sur les Gaules. On voulut lui faire des représentations & obtenir quelque diminution ; mais il persista. On lui compta son argent , il rendit les séminaristes , ouvrit les prisons & sortit." (Procès fameux, extraits de l'essai sur l'histoire générale des peuples...Par M. Des Essarts. Paris 1786)

• Il faut bien dire que les biens de l'Église, propriétés agricoles, immeubles, sont très importants. On les évalue à 3 milliards de livres soit environ dix fois le montant du budget annuel du royaume.

• Anne-Marie Javouhey, fondatrice de la congrégation de Saint-Joseph-de-Cluny qui se développa non seulement en France, mais aussi dans les colonies. Elle-même séjournera au sénégal et en Guyane

• Patrice de Mac-Mahon est né au château de Sully, près d'Autun. Après avoir participé à la conquête de l'Algérie, en 1830, en tant que sous-lieutenant, il participa comme général à la guerre de Crimée, puis à la campagne d'Italie, durant laquelle il remporta sur les Autrichiens la victoire de Magenta (4 juin 1859), ce qui lui valut d'être fait maréchal et duc. Alor qu'il était gouverneur général de l'Algérie la guerre franco-allemande de 1870 le rappela en France. Commandant de l'armée d'Alsace, il fut battu à Wissembourg (4 août 1870) puis à Frœschwiller (6 août) ; il tenta sans succès de dégager Metz, mais fut blessé et fait prisonnier avec ses troupes et l'empereur à Sedan le 1er septembre 1871. En 1871, à la demande de Thiers, il mit sur pied et commanda l'armée des «Versaillais» qui écrasa impitoyablement les insurgés de la Commune. En 1876, le journaliste Prosper-Olivier Lissagaray, ancien communard, rapporte que le conseil municipal de la ville de Paris paye l'inhumation de 17 000 cadavres, en prenant en compte les tués hors de Paris, il estime à probablement 20 000 le nombre des fusillés de la Semaine sanglante. Mac-Mahon succédera à Thiers à la présidence de la République le 24 mai 1873. Il démissionnera en janvier 1879.

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